Critique : Imitation Game

Le père fondateur du monde moderne

Fiche

D’après la biographie d’Andrew Hodges
Titre Imitation Game
Réalisateur Morten Tyldum
Scénariste Graham Moore
Acteurs Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode, Rory Kinnear, Allen Leech, Charles Dance, Mark Strong
Titre original The Imitation Game Date de sortie 28 / 01 / 2015
Pays États-Unis, Royaume-Uni Budget 15 000 000 $
Genre Biopic, Drame, Guerre, Thriller Durée 1h 55

1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.

Photo d'Imitation Game
« Écoute-moi bien, ma petite. Tu as beau l’avoir joué comme Beckham, ici, c’est le très haut niveau. On parle du niveau Zidane, là. »

Critique

Pour les Oscars, on a beaucoup parlé d’Imitation Game, notamment pour la performance hors-norme de Benedict Cumberbatch. Est-ce mérité ?

Imitation Game se base sur une histoire vraie époustouflante. Contrairement au film d’Angelina Jolie (Invincible), on ne ressort pas de la séance avec une impression d’avoir déjà vu le film ailleurs. En même temps, comment pouvait-il en être autrement étant donné que l’histoire d’Alan Turing (Benedict Cumberbatch) a longtemps été méconnue et est vraiment originale. Le projet est né grâce aux producteurs Nora Grossman et Ido Ostrowsky qui, en découvrant les excuses posthumes du gouvernement britannique via son Premier Ministre Gordon Brown au mathématicien Alan Turing fin septembre 2009, se sont intéressés à l’histoire. Puis probablement devant l’énorme potentiel du sujet, ils se sont dépêchés d’acquérir les droits de la biographie écrite par Andrew Hodges : Alan Turing: The Enigma.

« Parfois, ce sont ceux à qui on ne pense jamais qui font les choses auxquelles personne n’aurait pensé. »

Le film du jour raconte la formidable histoire d’Alan Turing en se basant sur trois axes majeurs : sa jeunesse, ses faits durant la guerre et quelques années avant sa mort. Le tout étant construit non chronologiquement, on découvre alors pas à pas l’homme atypique qu’on nommait par le patronyme de Turing. Pour ceux ne connaissant pas sa vie (comme moi), ça donne un formidable suspense. Faut dire que le tout est monté comme un thriller.

Le plus grand atout du récit est de ne pas se limiter à comment Alan Turing et ses collègues ont réussi à craquer Enigma, l’inviolable machine allemande servant à crypter leurs messages. Ce faisant, ils ont bouleversé le cours de la guerre. Pourtant, ça n’a jamais été raconté. Sans doute que le cinéma préfère se plonger dans des récits héroïques, se déroulant au front ou au plus haut niveau de la chaîne de commandement. Grâce à Imitation Game, on a un autre point de vue sur la guerre. Celui sur une guerre se déroulant loin des tranchées. Mais comme je le disais plus haut, le récit ne se limite pas à cela. Il brosse aussi un magnifique portrait d’Alan Turing.

The Big Bang Turing

Au départ, je me suis esclaffé en découvrant Alan Turing. « Ah, ah, mais c’est le Sheldon Cooper du milieu du dix-neuvième siècle ! ». Comme l’illustre personnage de la sitcom The Big Bang Theory, Alan Turing est asocial. D’ailleurs, tous les deux n’arrivent pas à deviner si une phrase est une blague ou non. Et si seulement, ça s’arrêtait là. En plus d’être comme Sheldon, Turing a aussi une caractéristique peu recommandable pour l’époque, mais c’est celle-ci qui a définitivement fait de lui un paria au point de précipiter la fin de sa vie. En cela, Alan Turing est un personnage terriblement moderne. Quelle chance d’avoir eu Benedict Cumberbatch (DiCaprio avait longtemps eu le rôle avant de l’abandonner, tant mieux, parce que je ne le vois pas du tout dans ce rôle malgré tout son talent). L’acteur est formidable, le fait qu’il soit favori pour les Oscars est vraiment mérité. En même temps, ce n’est pas vraiment une surprise, car il a un rôle auquel il est désormais habitué, car son Alan Turing n’est pas si éloigné de son Sherlock. Comme si ça ne suffisait pas, en plus d’être un personnage rêvé pour un scénariste, Alan Turing peut aussi se targuer d’avoir cofondé la société moderne grâce à son invention.

Comme vous pouvez le constater avec le paragraphe précédent, Imitation Game raconte déjà la vie d’un homme hors du commun. À cela, les auteurs ont aussi ajouté une autre sous-intrigue, la libération des femmes, via le personnage de Keira Knightley (Joan Clarke). L’actrice m’est souvent insupportable, mais dans le film du jour, je l’ai trouvé vraiment bonne (pas la moindre trace de son arrogance qui m’horripile). Ça vous situe la chose. Le récit s’accompagne aussi d’une bonne dose de suspense grâce au personnage de Charles Dance, décidément à l’aise avec les personnages détestables après avoir incarné l’immonde Tywin Lannister dans Game of Thrones.

Pour boucler la boucle de ce magnifique film, abordons la réalisation. Elle est vraiment d’un bon niveau. En même temps, le bonhomme derrière la caméra n’est autre que le norvégien Morten Tyldum qui m’avait bluffé avec l’excellent thriller Headhunters. Sur son nouveau long-métrage, il fait dans le classique, mais s’accompagne d’une photographie solide et balance à la chaîne des plans superbes. Bref, le style classique qu’Hollywood raffole (de bon augure pour l’Oscar). Le seul regret que j’aurais du film, c’est l’absence de moment vraiment émouvant (le genre qui te fait chialer et qui te fait mettre 10 justement), même si j’avoue avoir poussé un cri de joie sur un passage.

PS : petite anecdote personnelle, après avoir vu le film, j’ai changé le nom de mon PC en Christopher.

Par Christophe Menat, le .

Photo d'Imitation Game
« Sérieux ? Deux Ko de RAM, mais c’est une machine de guerre, ton PC ! Un truc de fou, je n’aurais jamais cru voir ça de ma vie. »

Conclusion

Imitation Game est avant tout une formidable histoire qu’il faut à tout prix connaître. Ce n’est donc que du bonus s’il est aussi un magnifique film. Le Discours d’un roi de l’année 2015.

+

  • Histoire vraie vraiment à part
  • Récit bien construit et prenant
  • La prestation de Benedict Cumberbatch
  • Photographie léchée

  • Ça manque un peu d’émotions
Trophée9/10

Découvrez les vrais Alan Turing et Joan Clarke.

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