Critique : From Hell : Une autopsie de Jack l’Eventreur

From Hell (« De l’enfer ») tire de son nom de la vraie lettre envoyée par Jack l’Eventreur à la police. C’est un roman graphique historique d’Alan Moore (Watchmen). Ce comic s’intéresse aux motivations et à l’identité du tueur de Whitechapel. Alan Moore profite aussi pour brosser un portrait social de Londres durant ces meurtres (en l’an 1888) et pour émettre une réflexion sur la position de la femme depuis la nuit des temps.

Découvrez les raisons qui ont poussé Jack l’éventreur à tuer cinq prostituées en l’an 1888. Tout commence avec un jeune duc qui se marie et a un enfant en secret avec une jeune fille de Londres, Annie Crook.

La reine Victoria, pour préserver l’intégrité de la famille royale, éloigne le duc de la capitale de l’Angleterre et met Annie dans un asile pour aliénés où elle subit une lobotomie.

Toutefois des prostitués, mises au courant, en profitent pour faire un chantage d’argent. La reine Victoria engage Sir William Gull pour réduire au silence ces prostituées. Ce dernier habité par des visions profite de chacun des meurtres pour alimenter ces visions étranges dont le point culminant arrive avec le meurtre de la dernière.

Le roman s’attache aussi au point de vue de l’inspecteur Abberline (joué par Johnny Depp dans le film du même nom mais présentant  peu de points communs avec le comic). L’inspecteur essaye de découvrir l’identité de Jack l’Eventreur et mettra la main sur l’énorme complot ayant pour racine la Couronne. Mais n’étant qu’un simple inspecteur, l’affaire est vite étouffé et un faux coupable est trouvé.

Avant tout chose, il faut savoir que le roman prend comme point de départ la théorie de Stephen Knight (qui a écrit un essai sur Jack l’éventreur : Jack the Ripper: The Final Solution). Cette théorie est largement critiquée et présentée comme fausse par les experts.

Toutefois, Alan Moore en profite pour une critique virulente du Londres de la fin du 19ème siècle.

Les dessins peuvent rebuter au départ mais sont incroyablement riches et illustrent parfaitement la déchéance de Londres de l’ère Victorienne. Si j’ai eu du mal à m’accrocher au début, j’ai fini par totalement adhérer au processus.

J’ai beaucoup aimé ce roman pour sa réflexion sur la condition de la femme dans la société occidentale. De plus, l’histoire reposant sur une figure mythique (Jack l’éventreur) intrigue beaucoup et alimente nos fantasmes à propos de ce complot née de la famille royale.

Quand à la critique de la société sous l’ère victorienne, elle est incroyablement virulente et renforcé par les nombreux images sans tabous (il n’est pas rare de tomber au fil des pages sur des images pornographiques, avec une prostituée prise en sodomie, un vieil homme en train de se faire branler ou d’images d’extrême violence, montrant sans détour la sauvagerie des meurtres de Sir William Gull).

On en sort retourné et avec l’impression d’avoir circulé dans ces rues avec les personnages, d’avoir assisté aux meurtres, d’avoir partagé la vie ingrate des prostituées.

Alan Moore a, sans contestation, signé un chef d’œuvre encore d’actualité 9 ans après sa sortie. Si vous êtes capable de surmonter les dessins, nul doute que vous appréciez cette œuvre majeure de l’histoire du roman graphique.

Note : 9/10

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