Critique : Blackfish

Le procès de SeaWorld

Fiche

Titre Blackfish
Réalisateur Gabriela Cowperthwaite
Scénaristes Gabriela Cowperthwaite, Eli B. Despres
Titre original Date de sortie
Pays États-Unis Budget
Genre Documentaire Durée 1h 23

Tilikum est un orque agressif. En captivité dans un parc aquatique, il a tué trois personnes. Avec l’appuie d’images choquantes, Blackfish fait intervenir des spécialistes qui luttent pour le maintien de ces animaux à l’état sauvage.

Critique

L’orque. Animal mythique depuis Sauvez Willy et symbole du méga parc d’attraction américain SeaWorld, il est aussi le sujet du documentaire Blackfish. Attention, ne vous attendez pas à un reportage animalier. Le documentaire commence à la manière de Devil Inside avec une conversation enregistrée retranscrite à l’écran. On y apprend qu’une orque a provoqué la mort d’une entraineuse de Sea World. Mais qu’a bien pu-t-il se passer ?

Blakfish s’oriente autour des témoignages de plusieurs ex-entraineurs(ses) de SeaWorld. Commençant par le commencement, chacun témoigne du début de leur passion pour ensuite faire part de leur découverte effroyable de l’envers du décor où les orques ne sont que des animaux sans vies destinées à faire le spectacle. L’un d’entre eux s’exclame même : « Dans 50 ans, on dira de nous : « Mais quelle époque barbare ! » ».

Ce documentaire est né d’une volonté d’enquêter sur le pourquoi des nombreux incidents entre les orques et les entraineurs de SeaWorld qu’on compte par dizaine et ayant parfois provoqué la mort comme celle de Dawn Brancheau en 2010 (le point de départ de Blackfish). On remonte des années plus tôt avec Tilikum, jeune orque kidnappée à sa famille et qui sera l’orque iconique du documentaire. Son rapt est raconté par l’un des kidnappeurs. Ce dernier, pourtant un gaillard robuste en apparence (le genre qui ne pleure pas après qu’on lui ait pincé les couilles), finit par fondre en larmes en énonçant le cri désespéré de la famille de Tilikum. La suite revient sur son entrainement profondément pervers et son habitat tellement clos qu’il s’apparente aux geôles humaines les plus effroyables.

Une seule chose à retenir. N’allez pas dans ces parcs animaliers. N’encouragez pas ces tortures.

La réalisatrice ne tente pas de masquer la réalité. Au contraire, elle l’expose frontalement quand elle dispose d’images d’archives. Ainsi, on peut voir un entraineur mourir écrasé entre deux orques. On peut voir un autre y passer de très près, ne s’en sortant que grâce à un sang-froid hallucinant. D’autres exemples existent, parfois mortelles, parfois miraculeuses. Ces images servent à faire prendre conscience du comportement douteux de SeaWorld prêt à tout pour que la roue du fric continue à tourner et surtout, le fait que les orques sont des animaux très dangereux. Toutefois, cette violence n’est pas due à rien, car sinon pourquoi on ne recense pas d’attaques d’orques dans la nature ? Blackfish l’explique aussi.

Quant à l’entreprise multimilliardaire, elle n’hésite pas à mentir pour servir ses intérêts. Ainsi à la mort de Dawn, un premier rapport la charge complètement (alors qu’elle est leur meilleure entraineuse), un deuxième fait part d’une maladresse (la queue-de-cheval aurait été saisie par l’orque, alors que des dizaines d’entraineurs de SeaWorld portent une queue-de-cheval) – inutile de préciser que c’est un mensonge car c’est le bras qui a été attrapé. Jamais la responsabilité de l’orque, ni de l’entreprise n’est engagée. Car il faut savoir qu’un orque coûte des millions et peut permettre d’engranger des milliards de bénéfices. C’est ainsi que Tilikum, la baleine tueuse (surnom des orques par anglicisme), déjà coupable de plusieurs morts, continue à vivre. C’est ainsi qu’on continue à garder des animaux en captivité dans des conditions effroyables (une orque vit entre 30/35 en captivité contre 65 ans en liberté pour les mâles et jusqu’à 100 ans pour les femelles). L’histoire d’une époque barbare. Le pire, c’est probablement de voir comment l’entreprise SeaWorld pratique la désinformation au sein même de son entreprise. En témoigne le nombre de bêtises récitées par les employés faisant alors étalage d’une sorte de lavage de cerveau.

Conclusion

Voir Blackfish, c’est prendre conscience de l’effroyable condition de captivité des orques. C’est prendre conscience de leur dangerosité. C’est prendre conscience que de nos jours, les entreprises font tout pour le bénéfice. Après avoir vu Blackfish, difficile d’avoir envie de retourner dans ces parcs.

+ – Tilikum, une orque qui hante l’image
– Un sujet intéressant
– Des images marquantes
– Pas de commentaires du côté de SeaWorld (pas étonnant, mais ça fait un peu procès à charge)
Trophée8/10
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