Critique : Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté

Deux mecs habitant ensemble avec un petit chien

Fiche

D’après les bandes dessinées Astérix chez les Bretons et Astérix et les Normands de René Goscinny et Albert Uderzo
Réalisateur Laurent Tirard (Le Petit Nicolas, Molière)
Scénaristes Laurent Tirard (Le Petit Nicolas), Grégoire Vigneron (Prête-moi ta main)
Acteurs Gérard Depardieu, Edouard Baer, Guillaume Gallienne, Vincent Lacoste, Valérie Lemercier, Fabrice Luchini, Catherine Deneuve, Charlotte Le Bon, Bouli Lanners, Dany Boon, Jean Rochefort, Gérard Jugnot
Titre original Date de sortie 17 octobre 2012
Pays France, Hongrie Budget 60 000 000 euros
Genre Aventure, Comédie Durée 1h49

50 avant Jésus Christ. César a soif de conquêtes. A la tête de ses glorieuses légions il décide d’envahir cette île située aux limites du monde connu, ce pays mystérieux appelé Brittania, la Bretagne.

La victoire est rapide et totale. Enfin… presque. Un petit village breton parvient à lui résister, mais ses forces faiblissent. Cordelia, la reine des Bretons, décide donc d’envoyer son plus fidèle officier, Jolitorax, chercher de l’aide en Gaule, auprès d’un autre petit village, connu pour son opiniâtre résistance aux Romains…

Dans le village gaulois en question, Astérix et Obélix sont déjà bien occupés. Le chef leur a en effet confié son neveu Goudurix, une jeune tête à claques fraîchement débarquée de Lutèce, dont ils sont censés faire un homme. Et c’est loin d’être gagné.

Quand Jolitorax arrive pour demander de l’aide, on décide de lui confier un tonneau de potion magique, et de le faire escorter par Astérix et Obélix, mais aussi Goudurix, car ce voyage semble une excellente occasion pour parfaire son éducation. Malheureusement, rien ne va se passer comme prévu…

Critique

Dire que le retour du duo de mecs avec un petit chien était craint est un euphémisme car après l’incroyable purge des JO dont Astérix et Obélix sont revenus avec une médaille de plomb, on ne pouvait que trembler de peur… sans que ça ne nous donne des ailes.

Prenant la suite des deux réalisateur Thomas Langmann et Frédéric Forestier partis aller réaliser Stars 80, Laurent Tirard, derrière Le Petit Nicolas, laisse songeur mais devrait marquer un virage dans la saga gauloise. Un virage vers un humour fin, plus pince-sans-rire et enfantin et tel est le cas pour ce Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté.

On a l’impression de plonger dans une bande dessinée du gaulois où se mélange théâtre de l’absurde, personnages caricaturaux et un sens de l’aventure. Pour l’humour, ça se mélange, Edouard Baer nous sort des répliques dignes de lui toutefois ça atténue un peu l’essence de son Astérix. C’est un Astérix moins lisse qui est donc présent à l’écran, un Astérix s’éloignant de son ami Obélix pour draguer (la fameuse technique de drague est bien vue, la répétition du sketch permet d’aboutir à une chute imprévue et maligne). Comme pour James Bond, Astérix dispose de plusieurs acteurs et chacun aura son préféré mais celui d’Edouard, très français, fait du bien après un Clovis Cornillac oubliable.

Dans le rôle du gros… PAF !!!!!!! Pardon de l’enveloppé, Gérard Depardieu est irremplaçable, il EST Obélix ! Le jour où l’acteur voudra arrêter, on ira droit devant les ennuis pour la prochaine adaptation. Toutefois pour l’instant, il est là et s’éclate à merveille, il s’agit même peut-être de l’Obélix le plus abouti de toutes les adaptations.

Le reste du casting se démerde pas mal, Guillaume Gallienne incarnant le parfait gentleman rappelant le personnage qu’il tenait dans Jet Set et surtout très breton ce qui permet d’aboutir à quelques blagues entre gaulois et bretons n’ayant rien à envier à ceux contre les belges. Mais ma surprise reste quand même l’un de Les Beaux Gosses, Vincent Lacoste, pour un personnage réussissant à dynamiter le quatuor à coup de blagues marrantes et une belle dynamique face au duo Astélix.

Parmi les femmes, passons Catherine Deneuve toujours impeccable de toute façon et dont le rôle de Sa Majesté lui convient comme les chaussures de Marraine la fée aux pieds de Cendrillon. Passons aussi Charlotte Le Bon assez fadasse pour parler de la GRANDE dame : Valérie Lemercier, celle qui a eu du nez en refusant Les Visiteurs 2 laissant le soin à sa collègue d’un autre bord s’entremêler les pinceaux pour un ratage. Ici, elle est extraordinaire en témoigne l’incroyable séance de torture d’éducation face à un Dany Boon désemparé. Elle est la force comique tranquille capable de passer d’un extrême à un autre avec la grâce d’une danseuse étoile sans être obligée d’être atteinte d’une schizophrénie démoniaque la transformant en cygne noir.

N’oublions pas non plus Fabrice Luchini (un de mes acteurs français préférés) pour un nouveau Jules César même si Delon paraît irremplaçable, lui qui fut le seul point positif de ces JO sabordés. Si Fabrice n’a pas la carrure pour imposer dans ce personnage, il lui permet d’offrir une nouvelle facette avec une reprise de la phrase culte de Star Wars et la mise en exergue de ses doutes. Un Jules César plus réfléchi, moins théâtral en ressort.

Ce qui prédomine après avoir vu le film, c’est surtout l’impression d’avoir assisté à une aventure d’Astérix et Obélix en live. On s’éloigne donc des délires d’Alain Chabat et son pote de Trappes (ça reste néanmoins le meilleur film de la saga mais en même temps, c’est le moins fidèle… comme quoi) pour s’approcher de l’onirie de la BD avec ce goût pour l’aventure (le budget monstrueux pour un film français est pleinement justifié même si on se doute que l’appétit gargantuesque de Depardieu y est pour beaucoup). Les décors sont très beaux et vivants, digne d’un film de fantasy hollywoodien. Les effets spéciaux solides et la 3D aussi à défaut d’être transcendante (les effets de la potion magique sont bien mis en valeur sans oublier le passage « Armageddonesque » avec les Normands, superbe grâce à une neige du plus bel effet).

L’humour se boit un peu comme une cure de jouvence, c’est fin et raffiné, jamais lourd (ça change du prédécesseur). Bref une grosse surprise pour un blockbuster du genre. Mention spéciale tout de même à l’allusion gay à propos du couple Astérix et Obélix qui vivent tous les deux dans la même maison avec un chien. Le cliché parfait qui fait mal. Ou encore l’allusion à la réplique culte de Mission Cléopâtre avec : « C’est une bonne situation, bourreau ? ».

Malheureusement le film n’est pas parfait. Je lui reproche surtout une certaine léthargie, les évènements se suivent sans se presser, prenant le temps d’installer l’ambiance. Ça aurait été bien d’adopter périodiquement un rythme plus nerveux histoire d’impliquer le spectateur. Et cet humour raffiné, s’il fait beaucoup sourire, fait rarement rire (le français aime l’humour lourd, tiens j’ai cité Dubosc). Je reprocherais aussi à cet épisode 4 de ne presque jamais se laisser aller à des délires visuelles, c’est même trop propre, un peu comme la bande dessinée en fait. Par contre dans la BD, les scènes de combats étaient dynamiques or ici elles sont molles (encore plus quand on a en tête le combat de la mort entre Gérard « La Carioca » Darmon et Jamel « Trappes Boy » Debbouze dans Mission Cléopâtre) malgré un bel hommage à 300.

Conclusion

Ce quatrième Astérix n’atteindra pas le niveau de Mission Cléopâtre (on s’en doutait) mais offre une belle aventure se savourant comme un bon thé et surpasse sans problèmes ses deux autres concurrents et s’installe comme le deuxième meilleur épisode de la saga. Une belle surprise pour toute la famille.

+ – Humour fin
– Un casting solide
– L’allusion gay pour le couple Astérix et Obélix
– Manque de tonus et de prise de risque
6/10
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