Critique : 300 : La Naissance d’un Empire

Léonidas, reviens !

Fiche

D’après le roman graphique Xerxes de Frank Miller
Titre 300 : La Naissance d’un Empire
Réalisateur Noam Murro
Scénaristes Zack Snyder, Kurt Johnstad
Acteurs Lena Headey, Eva Green, Rodrigo Santoro, Jack O’Connell, Sullivan Stapleton, David Wenham
Titre original 300: Rise of an Empire Date de sortie 5 mars 2014
Pays États-Unis Budget 110 000 000 $
Genre Action, Drame, Fantastique, Guerre, Péplum Durée 1h 42

Le général grec Thémistocle tente de mobiliser toutes les forces de la Grèce pour mener une bataille qui changera à jamais le cours de la guerre. Il doit désormais affronter les redoutables Perses, emmenés par Xerxès, homme devenu dieu, et Artémise, à la tête de la marine perse…

300 : La Naissance d'un Empire Photo
– Hé les gars, ce soir, on va… – Diner en enfer ? – Mais ! Comment tu sais ? – Mec, j’ai vu 300 aussi.

Critique

Le roi Léonidas et ses valeureux 300. Rien qu’à leur évocation, j’ai des frissons. Comment peut-il en être autrement quand on se remémore de leur magnifique combat et surtout l’issue ? Si je peux douter de l’intérêt de 300 : La naissance d’un Empire, je ne peux clairement pas dire que le projet ne m’emballe pas vu la place qu’occupe 300 dans mon cœur.

Malgré un budget ayant été presque multiplié par 2 par rapport à 300, cette fausse suite n’a pas fait l’objet d’un énorme battage médiatique en France. Je n’ai pas vu d’affiches dans le métro parisien, c’est dire. Dès lors, j’ai commencé à m’inquiéter, car tel procédé indique souvent un très mauvais film. Ce qui n’est clairement pas le cas ici, mais…

Ah, le « mais » qui fait mal. Première chose, malgré ses nombreuses qualités, ce 300-là n’arrive jamais à la cheville de son prédécesseur, la faute à de trop nombreux défauts. Principalement, des interprètes principaux bien loin du niveau de ceux de 300. Le passage de Gerard Butler à Sullivan Stapleton (Thémistocle) n’est pas sans conséquence. Ce dernier n’arrivant jamais à égaler, ne serait-ce d’un tiers, la prestation habitée de Gerard Butler. Son Roi Léonidas avait marqué la foule, grâce à son charisme débordant de tous ses pectoraux. Il n’était alors pas étonnant de voir éclore une multitude de parodies sur les scènes les plus marquantes avec le héros comme son coup de pied pour envoyer l’envoyé de Xerxès dans un puits ou son magnifique discours s’achevant sur un « Ce soir, on va dîner en enfer ! » de folie dont rien que l’évocation me procure encore des frissons.

Il est temps de venger Léonidas !

En face, on avait droit au non moins mémorable Xerxès, le dieu-roi SM. Dans cette suite, c’est Artémise (Eva Green), la méchante. Mais où est passé Xerxès ? Ça s’explique tout simplement par le fait que l’intrigue principale de 300 : La naissance d’un Empire se déroule en parallèle de celle de 300. Alors que Léonidas s’occupe de ralentir Xerxès, Thémistocle livre une bataille (navale) contre Artémise, commandante de l’armée de Xerxès. Nous ne sommes donc pas dans une vraie suite, même si l’histoire continue encore là où 300 s’est achevé.

Bref, revenons à la méchante de l’épisode. Je tiens à souligner mon ignorance du comic ne l’ayant pas lu, mais au vu de son nom (Xerxes) et le fait que 300 : La naissance d’un Empire en soit l’adaptation, j’ai cru qu’on y parlerait de Xerxes. Ce qui est bien le cas durant la géniale partie d’exposition (le meilleur passage du film et le seul à être au niveau de 300) où on assiste à la naissance du dieu-roi. Toutefois, ça ne représente seulement moins de 20 % de la durée totale. Le reste étant focalisé sur la lutte entre Thémistocle et Artémise. Une lutte plutôt excitante au début, puis très rébarbative, à des mille lieux de 300 qui a su innover un peu dans ses combats (notamment en proposant des paliers avant d’arriver jusqu’au boss final dans le style des jeux vidéo, un procédé que Snyder réutilisera avec moins de réussite pour Sucker Punch). Grosso modo, il s’agit de batailles navales et si c’est marrant la première fois, ça finit par devenir lourdingue.

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– Bande de bâtards, admirez notre bateau insubmersible ! – Pschitt, mec, je ne veux pas casser ton coup, mais tu es sûr que le bateau est insubmersible ? Parce que j’ai vu un film, l’autre soir. Un truc qui s’appelait Titanic et le bateau qui a coulé était beaucoup plus gros que le nôtre.

Il faut aussi compter sur le fait qu’Eva Green a bien du mal à s’imposer. Malgré sa beauté hypnotisante, elle n’a jamais réussi à me convaincre en tant que big boss. Et ce, malgré ses décapitations à répétition ponctuées de discours enflammés. À quoi la faute ? Ben, je ne sais pas trop, mais quand je la vois en train d’embrasser un mec qu’elle vient tout juste de décapiter. Ben, je me marre. Quand elle récite son monologue sur la solitude de sa charge, ben, je m’en branle du style « Ouais, c’est bon, on a compris. Allez, passe à autre chose. ». Aussi, elle en fait beaucoup trop. Elle en rajoute trop. Elle brasse trop de vents. Au final, j’ai eu l’impression de voir une gentille fille qui essaie de faire la méchante, c’est mignon et ça fait marrer. Le summum de l’attitude what’s the fuckienne concerne la love story entre son personnage et Thémistocle au détour d’une scène de sexe plutôt hardcore (et réussi) mais tombant comme une couille dans le potage. En bref, Artémise est une méchante peu charismatique malgré qu’elle soit nous vendue comme étant supérieure à Xerxès. Par contre, j’ai adoré son style vestimentaire et le plan où elle se retourne après avoir explosé un bateau. Seules véritables réussites du personnage.

En lisant les anecdotes du tournage, j’ai pu noter que l’auteur du roman graphique, Frank Miller, n’a jamais mis les pieds sur le plateau. Ouh là, ce n’est pas bon signe quand on sait combien l’auteur aime s’impliquer. Ça expliquerait peut-être pourquoi toutes les répliques du film tombent à l’eau les unes après les autres. Si 300 en était blindé (même si ça faisait parfois kitsch, c’était efficace), on n’en a pas vraiment à signaler du côté de 300 : La naissance d’un Empire. Ah si, une quand même, le discours final récité par la reine Gorgo : « Un vent de vengeance ! ». Comme par hasard, ça provient d’un des rares acteurs issus du précédent : Lena Headey. Un moyen flagrant pour illustrer la faiblesse des deux interprètes principaux : Sullivan Stapleton et Eva Green. Je ne parle même pas du reste du casting tant c’est faible.

300 : La Naissance d’un Empire n’expire pas du même souffle épique que 300.

Malgré tous les défauts que je viens de balancer, 300 : La naissance d’un Empire reste agréable à suivre si on excepte la deuxième partie qui donne l’impression que le film dure 2h20 alors qu’il ne fait que 1h42. En plus, j’ai eu des frissons (c’est tellement rare au cinéma que ça mérite d’être dit). Bon, certes, c’était sur des passages de 300 comme la scène juste avant l’affichage du titre, mais quand même.

Aussi niveau action, Noam Murro se démerde plutôt bien. C’est fun. Ça reste lisible dans l’ensemble. Mais il aurait pu faire un effort sur le sang en images de synthèse. Ça se voit trop. On ne parle plus de gerbes là, mais carrément de seaux. Je n’ai pas souvenir que c’était aussi flagrant sur 300, mais peut-être que je me trompe. Par contre, je dis que c’est lisible, mais parfois c’est dur à suivre à cause du flou et d’une obscurité trop importante (chaud en 3D, même si la profondeur de champ est magnifique). Bon point tout de même pour la première bataille du film. Mémorable grâce à une multiplication de plans super classes semblant sortir des pages d’un excellent comic d’action. Surtout le plan où on voit Thémistocle abattre son épée sur un soldat de sorte à qu’on le voit, au ralenti, dans toute sa splendeur avec sa cape bleue virevoltant au vent. Superbe ! Pour le reste, c’est sympa, bourrés d’effets gores qui donnent envie de bondir sur son siège en hurlant, mais rien de culte.

Pour le style, Noam Murro a conservé celui de Zack Snyder. Au point qu’on a l’impression de ne pas avoir changé de réalisateur sur cette suite même si on compte beaucoup moins de séquences épiques comme Snyder sait si bien en faire (putain, sa mise à jour de l’envol de Superman dans Man of Steel, c’était quelque chose). Par contre (et bizarrement), j’ai ressenti un peu de lassitudes au niveau des ralentis. Certaines scènes n’en avaient pas besoin et auraient été beaucoup plus efficaces en temps réel.

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– Marvelll, es-tu prêt à diner en enfer ? – Mais Eva, qu’est-ce que je t’ai fait ? – Kof… Tu as vraiment cru que j’allais oublier ta critique de Perfect Sense ?

Conclusion

Une suite respectant son modèle, mais n’arrivant jamais à l’égaler. Pire même, il en conserve les mêmes défauts tout en apportant de nouveaux et ça, sans avoir de réelles nouvelles qualités. La définition même d’une suite au rabais à la Kick-Ass 2. Mais attention, ça se mate quand même.

+ – Style de 300 conservé
– Gore
– Partie d’exposition narrant la naissance de Xerxès, le dieu-roi
– Action
– Le discours final de la reine Gorgo
– Thémistocle, ce n’est pas Léonidas
– Eva Green en fait trop
– Intrigue en parallèle plutôt que vraie suite
– Xerxès sous-exploité
– Pas de répliques cultes
6/10
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